Mettre les choses au clair [LAURENCE WEISS]

De quoi réfléchir

Colm tournait comme un lion en cage dans le salon, en attendant que sa femme daigne enfin revenir. Cela lui avait prit du temps, mais il avait décidé de parler, de dire ce qui n'allait pas, ce qu'il faisait et surtout... ce qu'il allait faire. La quitter. Pour de bon. Ca ne servait à rien de continuer ainsi, il n'en pouvait plus. Leur dernière fois le lui avait bien fait comprendre, il ne pouvait plus se permettre d'agir comme s'il l'aimait encore, de se permettre d'accepter de lui faire l'amour, alors qu'il ne pensait plus à elle. Le mercenaire était bien décidé à mettre un terme à cette situation qui devenait de plus en plus intenable. Peut-être que les paroles de son anglaise l'avait aussi décidé à se pousser. Elle avait commencé, elle aussi, la démarche pour quitter son mari. Qu'importe le fait que maintenant, il ne soit guère en état de l'apprendre. Ca démontrait juste que la volonté d'être ensemble, ce rêve qu'ils avaient depuis si longtemps, était encore possible. Et Leicester ne voulait plus passer à côté.

De plus, Laurence serait assurément plus heureuse avec un autre. Ce comédien qu'elle cotoyait et qui semblait l'apprécier au plus haut point. C'était peut-être vers lui qu'elle devait se tourner. Pourquoi n'avait-elle pas passé le pas? Ca aurait été tellement plus facile. Le bruit de la porte qui s'ouvre, le fit s'arrêter en un instant. La nervosité chez lui était parfaitement palpable, il se triturait quelque peu les mains, alors qu'il entendait ses pas arriver et avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, il avait prit la parole.

- Hey sweetheart... fit-il d'un ton finalement peu assuré. Je... il faut qu'on parle toi et moi. Lui tirant une chaise pour qu'elle vienne prendre place. S'il te plait.

C'était important, ils devaient être assis. Avant que la tempête n'emporte tout. Il connaissait suffisamment sa femme pour savoir que la crise d'hystérie risquait de la gagner. Alors il prenait un peu les devants. S'asseyant à côté d'elle, les mains entrecroisées sur la table, il cherchait encore ses mots, n'osant encore pas trop la regarder.

- ... rien ne semblait vouloir venir. C'était encore plus dur que prévu, il se détestait pour ce qu'il allait faire. Finalement, son regard se planta dans le sien. On le sait depuis longtemps, ça ne va plus très bien entre nous. Pour ne pas dire que ça ne va plus du tout. Je crois... qu'on s'est éloigné. Je... je sais que je ne t'aime plus comme avant Lau'. Je... vais partir, je vais demander le divorce.

L'ancien militaire observait son épouse pour voir les réactions, ce n'était pas encore le moment de parler de l'autre femme de sa vie. Chaque chose en son temps. De toute façon, ça finirait dans les cris et les larmes, il le savait.

Elle ne pouvait pas encore le savoir, mais ses affaires étaient déjà empactée, il était prêt à partir, il lui laisserait tout, il ne voulait pas se battre pour ça.

Ah les grands magasins et la foule compacte qui fait la queue pendant des heures ! Qu’est-ce que cela m’avait manqué ! Non, je n’étais pas de si bonne humeur néanmoins aujourd’hui car les gens avaient tendance à m’énerver et à se mettre toujours pile à l’endroit où il ne fallait pas, à bloquer les accès de sorties, etc… Le Daniel’s était en liquidation et tout le monde avait eu la même idée que moi, aller profiter des derniers jours pour faire de bonnes affaires. Mes bras étaient surchargés de paquets, de vêtements, d’objets inutiles en tout genre, mais faire du shopping me détendait même s’il y avait un monde dingue.

J’eus quelques difficultés à ouvrir la porte de la maison avec tous les sacs et paquets que je transportais mais j’y arrivais enfin en soufflant et déposant tout ça sur la table la plus proche. Je ne sentais plus mes bras et j’ôtais mes lunettes de soleil en essayant de reprendre un peu ma respiration et en me dirigeant vers le salon. Colm était là à m’attendre.

- Oh Darling, je suis exténuée ! Les gens sont totalement dingues lorsqu’il s’agit de promotions ! Figure-toi que j’ai croisé la voisine du bas de la rue, tu sais celle qui a un vieux chien qui n’arrête pas de casser les pieds du voisinage, et bien cette vieille bique a… Je m’interrompais en regardant la tête de Colm. Il n’avait pas bonne mine. Qu’y a-t-il Darling ?

Je me demandais ce que Colm avait à m’annoncer avec cet air si grave. Un décès chez les militaires ? Ou pire, il y avait eu encore un soucis avec ma petite Sheeva ? Ou bien il doit partir dans une de ces missions très dangereuses ? J’eus un instant d’hésitation avant de m’asseoir, mais je vins tout de même m’installer devant lui ayant peur de ce qu’il allait m’annoncer.

- Il y a un problème Colm ? Tu m’inquiètes chéri. Lui aussi hésitait et il semblait nerveux. Je vins poser ma main sur les siennes en le regardant fixement. Tu peux tout me dire.

Les mots qu’ils venaient de prononcer me firent un choc. Je restais stupidement à le regarder ne sachant quoi répondre. Puis peu à peu je commençais à avoir un rire nerveux. Colm me faisait marcher. Quel gros bêta ! Je me mis à regarder la pièce dans tous les sens en continuant de rire.

- C’est une farce ? Où est la caméra cachée hein ? Tu as bien failli m’avoir avec ton air si grave, j’ai cru que ton chat était mort ! Je me relevais en prenant une bouffée d’air entre deux rires. Bon qu’est-ce que tu aimerais manger ce soir ?

Peut être était-ce simplement pour me voiler la face, pour ne pas entrer dans ce sujet épineux, peut être ne voulais-je tout simplement pas entendre la vérité… Mais je ne voulais pas croire à ses paroles. Colm, ne me dit pas quelles sont pourtant vraies…

Il se détestait et les mots doux de sa femme n’aidaient en rien sa culpabilité de lui faire un coup pareil. Mais il fallait mettre un terme à cette mascarade. Pour eux deux. Le bonheur avait quitté cette maison depuis bien trop longtemps maintenant. Pourquoi se voiler la face plus longtemps? Colm espérait juste... qu'elle comprendrait, qu'elle irait dans son sens, au final.

Et puis, leurs vies à chacun, avaient-elles encore un sens ensemble? Il n'était pas le type d'homme dont elle avait besoin. Il n'était ni classe, ni gentleman, ni quoi que ce soit de ce genre. Le mercenaire n'était pas fait pour ce genre de vie de star, lui qui avait un métier si secret. Son regard avait croisé le sien quand Lau' avait posée ses mains sur les siennes, donnant le déclanchement à son aveu.

L'inquiétude face à la réaction qu'allait avoir son épouse était parfaitement visible sur le visage de Leicester, avant qu'elle ne passe à une certaine incompréhension. Pourquoi réagissait-elle ainsi? Croyait-elle vraiment qu'il était possible de faire une blague sur un sujet pareil? Voilà que notre homme était totalement dérouté, ne s'attendant assurément pas à cette crise de rire. Ce qui ne présageait rien de bon quand il lui ferait comprendre que non, c'était vrai, qu'il n'y avait pas de caméra cachée, qu'il était sérieux.

- Lau'... impossible de continuer. Elle riait encore, se levant pour aller faire le diner, il resta assis les mains entrecroisées, tout en la regardant un peu perdu. N'était-ce pas déjà assez difficile comme ça, pour qu'il doive se répéter? Laurence s'il te plait! Il avait switché au français sans le vouloir, pour montrer à quel point il était diablement sérieux. Parce que la langue, était celle natale de sa compagne, parce qu'il avait plus de mal à la parler et qu'ainsi, elle serait obligée de l'écouter attentivement, jusqu'au bout. Ce n'est pas une blague, je vais demander le divorce. Je pars aujourd'hui. Je te laisse tout. Je ne veux pas me battre avec toi.

Leicester n'avait pas bougé de sa place, il la fixait avec une intensité qui ne trahissait pas ses paroles. Son ton était calme et posé. Qu'elle l'écoute cette fois-ci, qu'elle comprenne et l'accepte... si elle le pouvait. Mais s'aimaient-ils encore vraiment? Il en doutait, depuis la mort de Chris, il en doutait.

Je me sentais de plus en plus nerveuse, sans savoir vraiment pourquoi, je ne riais plus. Je me dirigeais sans réfléchir vers la cuisine mais la voix de Colm me fit sursauter et me retourner à nouveau sur lui. Il avait l’air sérieux. Je fus prise de petits tiques de nervosité en le fixant toujours, passant ma main devant ma bouche, remettant ensuite mes cheveux en place, regardant la pièce ensuite sans comprendre, ne sachant quoi dire sur les paroles si dures qu’il venait de prononcer. Ca avait l’effet d’un coup de poignard dans mon cœur.

- Mm… mais… pour... pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Je le fixais avec une incompréhension totale, les mains crispées l’une contre l’autre. J’avais l’impression que j’allais faire un malaise mais je voulais comprendre pourquoi il voulait me quitter. Je l’aimais, cet homme. Même si notre relation était difficile, je n’ai jamais cessé de l’aimer. Je cherchais une explication au fond de moi, peut être devrais-je être moins dure avec lui, plus douce, plus compréhensive, je ne savais pas. Mais je ne voulais pas le laisser partir ainsi.

- Colm, on peut peut être en parler calmement de ce qui ne va pas, tu… tu précipites sans doute les choses. Je… m’emporte sans doute trop vite des fois, je l’avoue, mais je… je vais faire des efforts, je te le promets. Je lui parlais doucement en essayant de le persuader de ne pas prendre la fuite ainsi. Il ne pouvait pas demander le divorce sans me dire ce qu’il n’allait pas entre nous.

Les larmes me montèrent alors aux yeux et je m’approchais tout doucement de lui, ma main tremblante vint se poser sur son épaule.

- Je t’en prie…

Il ne pouvait pas détruire toutes ces années que nous avions passé ensembles, j’avais perdu un enfant, je ne voulais pas perdre à présent l’homme de ma vie. Je me sentais terriblement seule, tentant de lire les réponses dans son regard. Que pouvais-je faire pour que l’on se rapproche à nouveau ? Pour que l’on efface cette dernière période de notre vie et que l’on recommence tout dès le début ?

- Je t’aime…

Une larme coula le long de ma joue. Ce n’était pas du cinéma cette fois. J’étais troublée, paniquée, déboussolée. Je m’accrochais à un espoir qui s’éloignait de plus en plus…

Cette fois-ci, ils entraient vraiment dans le vif du sujet. Sa femme comprenait qu'il n'y avait rien de drôle dans cette affaire. Que Colm n'avait pas dit cela pour la faire marcher, que tout cela était sérieux et grave même. Il en était tellement désolé, mais il ne voulait plus vivre ainsi. Il avait juré de ne jamais lui faire du mal, voilà que tout l'inverse était en train de se faire. Se haïr ne résoudrait pas le problème et il ne sentait plus l'envie de vouloir sauver son couple. C'était horrible à penser, mais c'était ainsi, il ne l'aimait plus. La question était on ne peut plus légitime et lui réfléchissait à comment y répondre, devait-il lui dire qu'il en aimait une autre?

- Peut-être la faute au temps qui passe, à notre vécu, à moi. Je ne me sens plus de vivre cette vie Laurence, je ne suis pas heureux, je ne suis plus aussi amoureux et je suis fatigué de me battre avec toi chaque jour. Sans compter que je ne suis guère digne de ce que tu éprouves pour moi.

Cet air de détresse sur son visage lui retournait les tripes, comment continuer et ne pas craquer? Ca serait se faire encore plus de mal. Ce n'était pas bon, pour eux. Il fit une petite moue à ses paroles. Ils pouvaient bien en parler, il ne changerait pas d'avis. Il secoua la tête.

- C'est trop tard... ses yeux se levaient sur elle, alors qu'elle posait une main sur son épaule, le "je t'aime" était vraiment de trop, elle se voilait la face, elle ne l'aimait plus, elle le haïssait, depuis la mort de leur enfant, il en était persuadé. Elle pleurait. Il se leva alors pour lui essuyer la joue. Je suis désolé. Il était temps de passer pour le connard qu'il était. Je... vois quelqu'un d'autre Lau'.

Leicester n'était pas fier, bien loin de là, mais c'était la seule manière qu'il avait pour qu'elle se détache totalement de lui. Elle le mettrait à la porte, et elle saurait ainsi toute la vérité.

Etait-il en train de remettre la faute entièrement sur moi ? Je ne savais plus, j’étais perdue, déboussolée, ne comprenant pas comment on avait fait pour en arriver là. Comment le temps avait-il pu creuser ainsi un écart entre nous ? J’eus un geste de recul lorsqu’il essaya de me toucher la joue, j’avais si mal au cœur. Mais ce qui me fit bien plus mal encore, ce fut les mots qu’il prononça ensuite. Il voyait quelqu’un d’autre. Jamais je n’ai eu aussi mal depuis la mort de mon petit garçon. Et me voici explosant en larmes devant lui, un accès de colère et de rage montant en moi. Comment a-t-il pu me faire cela ? J’étais une femme meurtrie, affaiblie et cocue. La colère pris alors place de la tristesse.

Je fis quelques pas sans rien dire tout de suite, regardant nos photos de famille sur le buffet. J’enrageais. Pourquoi Colm ? Pourquoi me fais-tu subir tout cela maintenant ? Pourquoi m’as-tu trompé ? Je ne pensais pas mériter un tel traitement. Violemment, d’un geste du bras, je fis tomber toutes nos photos, sauf celles de Chris. Les cadres en verre se brisèrent au sol. Je me mis à hurler, prenant les bibelots, les vases tout ce qui se trouvait en ma portée et les brisait tous sur le sol qui commençait à être recouvert de bris de verre et de cristal.

- Comment as-tu pu me faire ça ! COMMENT !!!

Mon visage devenait rouge, et les larmes ne cessaient de couler le long de mes joues. A cet instant, je le maudissais. Je le traitais de tous les noms d’oiseaux qui passaient par mon esprit, le fixant avec un de ces regards plein de fureur.

- Et qui est-ce, hein ? J’ai le droit de le savoir ! Dis-moi qui c’est !

Je haïssais tout autant cette traînée, voleuse d’homme marié même si je ne savais pas qui c’était. Mais il me devait bien cela, il devait me le dire. Si j’avais eu cette personne à ma portée je crois bien que je l’aurais dévisagé avec mes ongles. Je fixais toujours Colm comme une furie, attendant une réponse, ne reconnaissant maintenant plus celui que j’avais en face de moi.

A ses yeux, les tords étaient partagés, tout deux avaient de quoi être critiqué sur la tenue de leur couple. Peut-être qu'il était plus en tord qu'elle, puisqu'il la trompait. Il en était désolé, mais il ne l'avait pas prévu, il avait retrouvé Lizbeth alors qu'il était dans une période difficile, elle avait été son rayon de soleil ça c'était fait rapidement, naturellement... il en était désolé.

Elle fuyait son contact, chose normale, Colm restait debout, face à elle, presque au garde à vous, il observait son comportement changer. Après tout, la bombe qu'il venait de lancer, n'allait pas laisser son épouse sans réaction et la connaissant, il savait que la suite allait être explosive. Et pourtant, il était prêt à subir ce qui allait suivre.

Les cadres vinrent s'exploser au sol, tout comme les objets malheureux qui passait entre les mains de Laurence, elle voulait des explications, il les lui avait données juste avant, enfin c'était l'impression qu'il avait en tous les cas. Comment? Parce que les sentiments changeaient...

- Je ne suis pas fier de moi...

Ca ne changerait rien à ses infidélités, mais il était important qu'elle l'entende, bien qu'il doute qu'elle puisse le croire. Pourtant, c'était ce qu'il montrait, il ne la regardait pas vraiment dans les yeux et surtout, baissait la tête alors qu'il se faisait insulter, mais il ne se défendait pas, il la laissait dire.

L'ancien capitaine releva pourtant la tête, quand elle exigea de savoir qui était sa maîtresse. Voilà une information qu'elle n'aurait pas. Car quoi qu'elle pense, non, elle n'avait pas à le savoir.

- Je ne le dirais pas, Laurence. Pas maintenant.

Parce qu'il ne voulait pas que sa lady ait des problèmes à cause de son épouse. Il ne fallait pas donner plus de fils à retorde à Featherworth.

Leicester avait rarement vu sa compagne en colère ainsi, il s'en voulait de lui faire subir ce chapelet d'émotion, mais il n'avait pas plus tenir plus longtemps. Il ne mettrait pourtant pas la pression à son amante, si elle ne voulait pas quitter à son tour son mari amnésique, il l'accepterait, il faisait d'abord cela pour lui, ne supportant plus cette situation.

- Je vais partir...

C'était vraiment ce qu'il avait de mieux à faire maintenant.

Colm avait tout gâché. Des années de mariage foutu en l’air à cause de ses terribles paroles. Je me sentais meurtrie au plus profond de ma chair. Depuis combien de temps me cachait-il cette liaison ? Trop sans doute. Et dire que j’avais refusé les avances de mes partenaires de scène, quelle idiote, comment pouvais-je encore croire que tout pouvait s’arranger entre nous ?

Après avoir vidé le buffet de tout ce que je pouvais casser, je le regardais toujours furieusement et marchait d’un pas précipité sur lui. Pas fier de lui ?! Il se foutait de moi en plus ! Bien sûr que tu n’es pas fier de toi Colm, comment pourrais-tu l’être ? Mes poings frappaient à présent son torse du peu de force qu’il me restait et je continuais à sangloter.

- Je te hais, je te hais ! Tu me dois la vérité, dis moi son nom ! Qui m’a volé mon mari, qui ?

Je me laissais glisser à terre, glisser à ses pieds en me tenant le visage dans les mains. Je n’avais plus la force. Il allait partir et je n’y pourrais rien. Je me sentais vide. Qu’allais-je faire maintenant ? Comment pourrais-je combler ce vide ? Je ne pouvais me faire à l’idée de le laisser partir comme ça, sans pouvoir le retenir.

Alors une idée me traversa l’esprit. En un éclair, je me disais que j’avais peut être trouvé la solution, peut être qu’il ne partirait pas comme ça, peut être qu’il resterait près de moi. Je ne prenais pas le temps de réfléchir aux paroles qui sortait de ma bouche à cet instant.

- Je suis enceinte.

Les paroles étaient sorties comme ça naturellement, dans un souffle. Je relevais la tête pour voir sa réaction, les larmes coulant toujours le long de mes joues. Ma main se posa instinctivement sur mon ventre. Oui j’étais bonne comédienne, mais j’aurais pu être enceinte pourtant, c’était une probabilité. Nous avions couché ensemble il y a quelques semaines et j’espérais pouvoir être enceinte. Lorsque j’étais partie en Amérique j’y avais d’ailleurs été faire un test, étant persuadé que les miracles existaient. Malheureusement le test était négatif. Mais Colm lui, n’en savait rien. Et s’il ne restait pas pour moi, peut être resterait-il pour le bébé ? C’était ma dernière chance de le retenir. Peut être était-ce une idée qui sur le coup était complètement stupide, mais j’étais perdue et je ne voulais pas qu’il parte. Je m’accrochais à cet espoir, le seul et unique qu’il me restait.

Colm, ne pars pas, on a peut être une chance d’être heureux…

Le mercenaire savait pertinemment ce qu'il avait déclenché en avouant sa faute. Mais quelque part, c'était bien ce qu'il avait cherché aussi. Garder ce secret plus longtemps, devenait intenable. Il valait mieux qu'ils se séparent tout deux, pour pouvoir profiter de leur vie, chacun de leur côté. Colm ne doutait pas, que son épouse se remettrait bien vite, après tout, il avait entendu les avances que lui avait fait l'un de ses partenaires.

Il la laissait venir taper contre lui, si cela pouvait lui faire du bien, alors que les morceaux des objets qu'elle avait éclatés, restaient au sol... la femme de ménage aura du travail. Lau' frappait sans de réelle force, ce n'était pas ce qui allait le blesser mais si cela lui faisait du bien... le haïr, le contraire aurait été étonnant quand même. Il comprenait. Elle insistait pour connaître l'identité de sa maîtresse, l'homme baissait les yeux sur sa compagne et secouait la tête, négativement.

- Tu ne la connais pas.

Et Colm ne démordrait pas sur le fait qu'il ne lui donnerait pas son identité. La comédienne devait savoir que son époux était du genre tête de bois quand il avait décidé quelque chose, cela ne servait à rien d'insister.

Ils s'étaient tout dit cette fois-ci et le capitaine observait son épouse s'écrouler à ses pieds, il eut une petite moue triste et se demandait s'il devait réellement l'aider à se relever ou la laisser ainsi, c'était peut-être ce qu'il y avait de mieux à faire. Il lui avait dit qu'il allait partir, il était temps de se mettre en route.

Mais, alors qu'il entamait le pas pour aller chercher l'un de ses sacs, voilà que Laurence lâchait une bombe, le faisant s'arrêter net. Sa mâchoire se crispa et il ferma les yeux quelques secondes. Ce n'était pas possible... ils n'avaient pas réussi en une seule fois quand même?

Il ne pouvait décemment pas laisser son épouse ainsi, oubliant ce qu'il allait faire, il revenait vers elle, pour s'accroupir à sa hauteur.

- C'est vrai?

Comment réagir? Il ne transpirait pas la joie du futur père, ça n'avait même rien à voir avec la réaction qu'il avait eu la première fois. Mais cet enfant tombait mal, très mal même. Car Leicester doutait sincèrement qu'un bébé pourrait faire quoi que ce soit de bon pour leur couple.

- Depuis quand tu le sais?

Je me détestais tant, j'étais horrible, je venais de dire des paroles insensées. Comment avais-je pu penser à cette solution à cet instant ? Sans doute le fait d'y penser beaucoup dernièrement, d'avoir envie d'un enfant, de retrouver le bonheur perdu d'être à nouveau une mère. Et puis j'avais justement acheté un cadeau pour l'une de mes maquilleuses qui venait tout juste d'avoir un nouveau né. Le cadeau se trouvait dans l'un de mes sacs, bien emballé mais encore sans carte ni nom dessus. Peut être que tout cela m'avait travaillé sur le fait que je lâche cette bombe maintenant.

Ce terrible mensonge avait pourtant l'air de fonctionner. Alors que tout se chamboulait dans ma tête, Colm avait fait demi tour. Une lueur d'espoir ? Au lieu de lui dire la vérité je m'enfonçais encore toujours.

- Je ne pensais pas te l'annoncer comme ça... Je le sais depuis quelques jours. Si tu ne me crois pas, va voir dans l'un de mes sacs, il y a un cadeau que je comptais mettre sur la table ce soir.

Oui le cadeau pour la maquilleuse tombait vraiment bien. Dedans il y avait deux minuscules petits chaussons blancs brodés. Colm ne pouvait se douter de rien là dessus. Maintenant il était trop tard pour faire machine arrière. J'étais dans le mensonge jusqu'au cou. Et pour continuer dans le mélodrame, je me mis encore à pleurer. Mon plan sordide était en route, tout était presque parfait à cet instant mais pour combien de temps ? Je pouvais rester jusqu'à 2 ou 3 mois sans que mon ventre ne grossisse, mais après qu'allais-je faire pour lui faire croire que j'étais enceinte. Il paraîtrait qu'il existe des faux ventres pour femmes enceintes, peut être devrais-je me renseigner là-dessus.

Enfin tout ce qui comptait pour moi, c'est que Colm ne m'abandonne pas. Peut être que cette femme n'existait pas non plus, que c'était aussi un mensonge de sa part pour s'éloigner. Il faudrait que je pose la question à Sheeva, elle savait peut être quelque chose sur les relations de Colm.

Les yeux larmoyants je le fixais, ne sachant que dire de plus pour le convaincre, ne sachant ce qu'il allait faire, comment allait-il réagir. Je me mis en tête que ce que j'avais dit était la pure vérité, et qu'il fallait coûte que coûte que tout le monde y croit aussi. Je réfléchirais plus tard à l'évolution du mensonge...

Quel manque de bol, mais quel manque de bol! Enceinte... franchement... était-ce vraiment lui le père au moins? Colm ne savait pas s'il pouvait croire en la fidélité de sa femme ou pas. Il savait, parce qu'il l'avait entendu, que le monde dans lequel elle évoluait, connaissait souvent des histoires de tromperies. Alors... et puis, il s'en moquait bien finalement, qu'elle l'ait été ou pas, vu ce que lui se permettait de faire depuis quelques années. Mais c'était franchement un manque de chance flagrant, si la seule fois qu'ils avaient couchés ensemble depuis des lustres, avait été la bonne. Elle semblait sincère en tous les cas.

- C'est bel et bien confirmé?

Il ne voulait vraiment pas y croire. Ce n'était pas le moment qu'un truc pareil leur arrive. Il se redressait tout en lui tendant doucement la main.

- Viens, allons s'installer à un endroit plus confortable.

En plus, si elle portait réellement un futur bébé, il fallait faire attention à elle. Autant dire que le stress qu'il lui avait mis en lui annonçant son infidélité et son départ, n'avait pas du être bon pour sa femme. Il ne pouvait pas savoir non plus!

Ils se rendaient tout deux au salon et il la faisait s'asseoir sur le canapé, en s'installant sur le fauteuil face à elle, croisant les jambes, il se frottait doucement la barbe naissante, réfléchissant à la suite à apporter à cette conversation. Il n'était pas allé voir l'achat, cela ne prouverait pas grand chose, c'était l'avis du médecin qui était le plus important.

- Ce bébé ne va pas tout arranger Lau'... tu le sais?

Autant être honnête avec elle, jusqu'au bout.